4. Le portrait de Célestine

 

 

À quoi ressemble la sphère céleste ?

 

 

 

 

 

Le film de l'évolution de la sphère céleste pendant une journée de novembre. 

 

Vidéo réalisée grâce au logiciel Stellarium

 

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On se souvient que la situation de l’observateur est la suivante :

 

Il est au centre de la sphère, au milieu du cercle d’horizon, au-dessus de lui, il voit la voûte céleste comme une cloche à fromages qui le recouvre.

S’il se tourne vers le sud, il peut imaginer l’équateur comme un demi-cercle qui joint l’Est à l’Ouest et culmine à environ 45° sur le méridien. Sous l’équateur il y a les étoiles du sud de la sphère, au-dessus de l’équateur les étoiles du nord.

Mise à part la polaire qui ne bouge pas, toutes les étoiles se déplacent le long des parallèles, d’Est en Ouest. Mais on imagine l’équateur et les parallèles globalement invariants, ce qui signifie qu’ils ont toujours le même aspect et qu’ils semblent immobiles sur la sphère

 

 

Pratiquement, l’observateur voit au plus un quart de la sphère céleste, mais on peut imaginer ce qu’il verrait s’il avait la faculté de contempler l’intégralité de l’hémisphère visible depuis le Nadir qui se trouve sous ses pieds. Ou s'il faisait un tour sur lui-même et dressait une carte de tout ce qu'il avait vu entre le cercle d'horizon et le zénith.

Il faut considérer que cette carte représente une voûte sphérique, un hémisphère constellé d’étoiles, posé au -dessus de nous sur le plan d’horizon.

Le cercle qui entoure la carte, la base du dôme céleste, est le cercle d’horizon et on voit donc les objets qui sont prés de ce cercle sur la carte au ras du sol à une hauteur très faible.

 

Par exemple, on voit la lune et le Bélier bas sur l’horizon Nord Est donc ils viennent de se lever. La balance et le scorpion sont sur le point de se coucher près de l'horizon, vers le sud - ouest. 

 Arcturus l’étoile qui est à la pointe du bouvier se couchera dans 2 ou 3 heures.

À l’inverse, le zénith, le point le plus haut du dôme céleste occupe le centre de la carte.

La constellation du Cygne est presque au zénith. Sadr, l’étoile centrale du Cygne, entraînée par la rotation, va se déplacer le long du 40e parallèle au cours de la nuit.

Parallèles et méridien illustrent la rotondité du ciel et l’emplacement du pôle illustre l’inclinaison de l’axe N–S du ciel par rapport à l’horizon.

L’équateur relie bien l’Est à l’Ouest et culmine bien au Sud à environ 45° de hauteur. Il suffit de compter les parallèles qui le séparent du point Sud. (1 parallèle par tranche de 10°) .

La ligne droite imaginaire qui joint la polaire au Sud en passant par le zénith, est le méridien local où culminent tous les astres.

 

Le ciel au-dessus de nous ressemble à un immense parapluie qui tournerait autour d’un manche reliant l’observateur à la polaire.

Les étoiles de Cassiopée, de Céphée, de la Petite Ourse et de la Grande Ourse sont dites « circumpolaires », « autour du pôle », elles tournent autour de l’étoile polaire et ne se couchent jamais on peut les voir toute la nuit, toutes les nuits.

 

 

D’habitude une carte est assimilable à une vue de dessus de la surface représentée, ici c’est le contraire, la sphère céleste est vue de dessous.

Nous avons bien le Sud en bas et le Nord en haut comme sur toutes les cartes. Mais l’Est et l’Ouest ont été inversés.

Cette inversion a pour but de rendre la carte conforme à ce que nous voyons quand nous nous tournons vers un point cardinal. Par exemple, quand nous sommes tournés vers le Sud , nous avons bien l’Est à gauche et l’Ouest à droite.

Les cartes classiques (par exemple une carte de France) n’ont pas pour vocation de reproduire ce que nous voyons. Le Ciel est bien l’espace le plus vaste qu’il nous soit donné de contempler, juste en levant les yeux, et il est donc normal que les cartes qui le reproduisent soient très particulières.

Pour utiliser cette carte, il suffit de la tourner pour mettre en bas le point cardinal vers lequel porte notre observation.

Par exemple, si je veux reconnaître le ciel de l’est, je mets l’est de la carte en bas de façon que le document soit orienté conformément à ce que je vois (en gros mon champ de vision se limite à un demi hémisphère).

Ainsi, si je me tourne vers le nord, j’aurais bien l’Ouest à gauche dans la réalité, comme sur la carte quand je la regarde avec le Nord en bas.

 

 

 

La carte précédente montre un peu plus de la moitié du ciel visible sous nos latitudes. Pour voir le reste, il suffit d’attendre 12 heures et la partie qui est cachée sous l’horizon sera alors sous nos yeux.

En supposant qu'il fasse toujours nuit, si l’on refait un instantané du ciel environ 12 heures après, voilà à quoi il ressemble :

 

On retrouve, au nord, les constellations circumpolaires (Petite ourse, Grande Ourse, Dragon, Céphée, Cassiopée) mais par rapport à la situation précédente, elles ont fait demi-tour.

 

En fait le second cliché est pris plusieurs jours après le premier ce qui explique que la lune ait fait beaucoup de chemin entre temps. Seulement 12 heures après, la lune serait encore dans la constellation du Bélier ou à la rigueur du Taureau mais elle n’aurait pas eu le temps de faire tout ce chemin jusqu’aux Gémeaux.)

Le ciel du Nord a juste fait un demi -tour, le ciel du Sud aussi, mais il a beaucoup changé et de nouvelles constellations on fait leur apparition.

L’équateur que l’on sait globalement invariant a toujours le même aspect mais en fait, par rapport à la carte précédente, c’est l’autre moitié, l’autre demi – cercle de l’équateur que l’on voit. Les constellations qui l’entourent ou qui le jalonnent en font foi.

Sur la carte précédente on ne voyait que la « tête » de la constellation des Poissons en train de se lever à l’Est. Ici on n’en voit que la « queue » en train de se coucher à l’ouest.

Ensemble nos 2 cartes recomposent donc l’intégralité du ciel visible sous nos latitudes.

Pour voir le reste du ciel il faudrait rejoindre l’hémisphère sud de la terre.

 

On voit ces constellations soit en première partie d’une nuit d’hiver soit en 2e partie d’une nuit d’automne avant le matin. On y observe de nombreuses étoiles très brillantes.  C’est le cas des étoiles d’Orion (Rigel, Betelgeuse) , de Sirius l’étoile la plus brillante du ciel dans le grand chien (un peu au-dessus du 20e parallèle sud), de Capella, dans le Cocher,  et de Procyon l’étoile brillante du petit chien.

 

 

Les parallèles et méridiens que l’on voit sur ces cartes dotent la sphère céleste de coordonnées (latitude et longitude) semblables aux coordonnées terrestres.

La latitude nord et la latitude sud se mesurent en degrés, de 0° à l’équateur à 90° aux pôles.

Il existe un méridien d’origine (de longitude 0°) semblable au méridien de Greenwich sur Terre et un sens positif selon lequel la longitude croît.

En Astronomie la latitude des objets situés sur la sphère s’appelle en fait «déclinaison» et la longitude qui est exprimée en heures minutes secondes (une heure = 15°, 90° = 6h ) s’appelle «ascension droite»

 

Dans ce système, les coordonnées d’une étoile sont constantes, comme les coordonnées d’une ville sur le globe terrestre, ce qui prouve que les étoiles sont fixes sur la sphère. Le mouvement observé est la rotation de la sphère toute entière et sur cette sphère, les étoiles sont parfaitement immobiles (si on néglige de très faibles mouvements séculaires).

Les seuls mouvements se produisant sur la sphère sont ceux des astres qui appartiennent au système solaire, à savoir, le soleil (la seule étoile qui en apparence n’est pas fixe), les planètes, les comètes, les astéroïdes, la lune. On perçoit le mouvement de ces astres par rapport aux étoiles qui elles sont fixes.

 

Les anciens appelaient ces astres « les mobiles » par opposition aux étoiles qu’ils appelaient « fixes ». Le mot « planète » dérive du grec  « planêtês» , qui veut dire « vagabond ».

 

Une journée particulière

 

Voyons maintenant à quoi ressemble le ciel en mouvement au cours de quelques heures consécutives grâce à une succession d'images que vous pourrez examiner à votre guise.

 

 

En fait, il faut imaginer le ciel de ce dessin comme une immense cloche à fromage située au-dessus de nous.

Le centre du dessin est aussi le centre de cette cloche. C'est le point le plus haut du ciel (le zénith). Le bord de cette cloche posée sur le sol (ou plutôt sur le plan d'horizon) forme un cercle de très grand rayon, le cercle d'horizon.

Cette cloche est en fait la moitié d'une sphère et cette sphère tourne autour d'un axe incliné qui nous relie à la polaire.

Le plus difficile est d'imaginer cette image en relief, comme une cloche située au-dessus de nous, et non pas comme un disque plat. 

Le Sud est en bas de la carte, donc nous sommes tournés vers le Sud. L'est est à notre gauche. Pour observer le nord, il faut mettre le nord de la carte en bas.

 

Il est minuit, vers la mi-janvier. Dans le ciel du Sud, à hauteur de l'équateur nous voyons la constellation d'Orion composée et entourée d'étoiles très brillantes (Sirius, du petit chien, la plus brillante de toutes, Capella du cocher, Procyon, Rigel, Bételgeuse, le pied et la tête d'Orion)

La ligne verte, c'est l'écliptique, le grand cercle sur lequel se déplacent les planètes, le soleil et, à quelques degrés près, la lune. On voit Mars à droite dans le bélier. Les constellations qui jalonnent l'écliptique forment le zodiaque (On voit lion, cancer, gémeaux, taureau, bélier, poissons)

Dans le ciel du nord on voit les constellations familières grande ourse, dragon, Céphée, Cassiopée et tout ce petit monde tourne, d'Est en Ouest autour de l'étoile polaire, au bout de la queue de la petite ourse.

 

 

 

 

 

 

 

Observons comment évolue le ciel de 2h en 2h (de gauche à droite, de bas en haut) depuis 2h du matin jusqu'à 8H, au moment où le soleil est déjà levé.

Observez notamment comment la petite ourse et les constellations du nord tournent autour de la polaire tandis que celles du sud se lèvent à l'est, se couchent à l'ouest et se déplacent sur des cercles parallèles à l'équateur (la ligne bleue qui joint l'Est à l'Ouest).

 

 

 

Sur cette sphère on a dessiné un réseau de méridiens et de parallèles, qui permettent de localiser les astres selon leur longitude et leur latitude, qui rendent compte de la rotondité du ciel et qui permettent de suivre sa rotation. 

Les parallèles semblent immobiles tandis que les méridiens tournent avec la sphère. 

Le soleil ; la lune et les planètes sont repérés par des points plus ou moins brillants. Mais en fait seuls la lune et le soleil se distinguent clairement des étoiles. Ici on voit la lune (un peu sous l'écliptique) et Mars dans le bélier, derrière la queue des poissons. En fait Mars et Uranus sont confondues. On dit qu'elles sont en conjonction.

 

Certaines planètes ressemblent à des étoiles plus ou moins brillantes. D'autres comme Neptune ou Uranus ne sont même pas visibles à l'œil nu.

Tous les astres semblent tourner avec cette sphère céleste, comme s'ils étaient collés sur elle. Mais en fait seules les étoiles sont collées à la sphère. 

 

Les objets du système solaire (le soleil, la lune, les planètes) bougent sur la sphère, le long d'un de ses grands cercles, (en vert sur notre carte) mais ils bougent si lentement qu'il faut plusieurs jours, voire plusieurs mois pour visualiser leur mouvement. 

On peut donc considérer que pour un jour donné, ils tournent comme s'ils étaient collées à la sphère, à l'instar des étoiles. Mais au cours des saisons ou des années, leur latitude va varier entre 23° Sud et 23° Nord (la latitude des points extrêmes du cercle sur lequel ils se meuvent). La latitude des étoiles, elle, reste fixe.

 

 

 

 

Pour vous familiariser avec ces cartes, essayez maintenant de répondre à ces questions :

 

 

 

 

 

● La lune suit à peu près le 12e parallèle Sud.

Sa latitude ce jour-là est 12° sud. On la trouve donc 12° au-dessous de l’équateur.

Sachant que la hauteur de l’équateur (latitude 0°) sur l’horizon sud est 47° à quelle hauteur culminera la lune, quand elle sera elle aussi plein sud, au méridien ?

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

● Le soleil suit le 15e parallèle Nord. Sa latitude ce jour-là est 15° Nord.

Vers quelle direction faut-il se tourner pour le voir se lever ? L’est ? Le Sud – Est ? Le Nord – Est ?

Et dans quelle direction le voit – on se coucher ?

Sachant que l’équateur (latitude 0°) culmine à une hauteur de 47° sur l’horizon sud, à quelle hauteur culminera le soleil, plein sud, sur le méridien, à midi (heure solaire) ?

Selon vous est – on en hiver, en automne ou au printemps ?

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Réponses aux questions

● Sur la lune

Il suffit de compter sur la carte les parallèles entre l’horizon sud (le sol) et la lune sur son méridien. On trouve 47° entre l’horizon Sud et l’équateur auxquels il faut enlever 12°,  la  latitude sud de la lune étant l’écart angulaire entre l’équateur et la lune.

La lune culmine donc ce jour là à 47-12 = 35° de hauteur.

 

● Sur le soleil

Le soleil se lève à l'Est sur le 15e parallèle Nord. Il se lève donc au Nord – Est. Mais assez prés de l'Est

Le même type d’observation nous révèle qu’il se couche au Nord – Ouest. Mais assez prés de l'Ouest.

La latitude du soleil étant 15° nord, il  est 15° en dessus de l'équateur et à midi heure solaire il sera 15° au dessus du point culminant de l’équateur donc sa hauteur sur l’horizon à midi (heure solaire) est 47 + 15 =  62°. Elle serait au maximum de 47 + 23 = 70°.  Au minimum de 47-23 = 24°.

Les points de lever et de coucher du soleil, sa forte hauteur à midi, tout concourt à nous indiquer qu’on est en été. Ou à la fin du printemps. 

 

Pour en finir avec ce chapitre voici une puissante maquette de la sphère céleste réalisée par l’ENS Lyon avec le soutien (excusez du peu) de la direction de l’enseignement scolaire et de l’éducation nationale, sans doute pendant l’ère Charpack.

 

 On admirera toute l’inventivité et l’attractivité du procédé dont le but est d’arracher des adolescents post pubères,

au coït paroxystique de leur Nintendo,

ou à la mélasse affective qui les tient scotchés à leur écran de télé diffusant « Star Académie»,  

ou à l’influence chatouilleuse de diverses hormones et phérormones annonçant dans un roulement de gonades l’arrivée prochaine du printemps,  

ou au miroir en face duquel ils passent de longues heures,  pour se faire ou  se refaire une beauté,

ou à la vitrine devant laquelle ils sont tombés en catalepsie parce qu’on y trouvait des Nike étincelants valant à peine 200 euros la paire,...

Va - t- on, grâce à cet instrument démoniaque réussir à les initier aux joies pures, écologiques et ... économiques de l’astronomie de position ?

 

 

 

 

 

Il ne fait aucun doute que les dits adolescents préfèreront d’assez loin le spectacle de leur professeur se débattant pendant une heure avec cette machine infernale aux futiles activités routinières dont on a énuméré quelques exemples.

Comble de l’ingéniosité :  la table trouée et le manche du parapluie peuvent très bien être réutilisés pour illustrer le cours d’éducation sexuelle.

Ou pendant la pause café, quand on cherche un plan d’horizon où poser sa tasse, ou quand le temps se gâte et qu’il nous faut quitter le lycée précipitamment sous l’averse, et que le matériel pédagogique offre des ressources insoupçonnées.

 

En tous cas on voit très bien sur la photo que les étoiles sont fixes sur la sphère mais que le soleil, lui peut très bien être collé autre part, s’il reste encore un peu de salive au maître après qu’il aura passé la plus grande partie du cours d’astronomie à essayer de faire taire les rires et les quolibets qui se déchaînent chaque fois qu’il s’approche de ce putain de parapluie envoyé par l’inspection académique.

 

 Mais comparer la sphère céleste à un parapluie incliné qu'on ferait tourner en faisant tourner son manche est loin d'être idiot. C'est même une excellente image.

 

Pour savoir si un objet bouge sur la sphère, par rapport aux étoiles, il suffit de s’assurer que ses coordonnées (latitude et longitude)  varient

Les étoiles font partie du parapluie. Quand on tourne son manche elles  bougent avec lui, bien sûr, mais sur le parapluie, sur la sphère céleste elles sont fixes. Leurs coordonnées (longitude et latitude ne varient pas) .

Par contre les mobiles (soleil, lune, étoiles) ne font pas partie du parapluie et ils se déplacent sur lui, trés lentement en suivant la ligne rouge qui figure l'écliptique. Ils peuvent donc franchir l'équateur et le méridien d'origine : leur latitude et leur longitude varient. 

Cependant, au cours d'une nuit ou même de quelques nuits, le déplacement d'une planète est négligeable, le déplacement su soleil est trés faible (1° par jour) et le déplacement de la lune est plus important (une dizaine de degrés par jour, moins que l'angle que font les aiguilles d'une horloge quand il est 1 heure juste). 

 

Nous allons maintenant étudier le mouvement de ces objets mobiles qui sont ceux de notre système solaire.

 

Cartes extraites des logiciels Asynx et Stellarium .  L'auteur remercie leurs concepteurs.